jeudi 16 novembre 2017

LES DESCRIPTIONS


Bon, ça y est nous sommes partis et là, un de nos personnages se trouve dans un endroit précis et nous sentons clairement que dire "il entra dans l'auberge" ne saurait être suffisant.
En même temps nous avons tous en tête ces interminables descriptions que nous sautions allègrement chez Balzac ou Zola sans oser l'avouer bien entendu parce que trop c'est trop et que ce qui nous intéressait c'était l'histoire. 
D'un autre côté, franchement si je vous diS Jane Eyre, je suis sure que ce n'est pas l'histoire qui va venir la première à votre esprit mais bien l'ambiance, le décor, les paysages, l'intérieur du manoir ... les descriptions.
Alors, me direz-vous: on la fait courte ou bien ...? Moi, je dirais : on la fait cinématographique. De même que pour les dialogues, je préconise une lecture à voix haute suivie d'autant de modifications que nécessaire jusqu'à ce que "ça sonne juste", pour les descriptions, je conseille le zoom. Le détail. Les quelques détails qui me viennent en premier à l'esprit. 
Trop tueraient l'imagination du lecteur en lui imposant trop la mienne. Trop peu le laisseraient perdu dans le vague. Écrire est un acte de télépathie dit Stephen King et il a raison; ce qui nait dans l'imagination de l'écrivain doit poursuivre son chemin dans celle du lecteur. 
Il faut donc créer un pont. Juste un pont. Tendre une main pour attirer dans notre univers et c'est tout. 
Plus de concret? Reprenons l'auberge. Russe. Au XVIIe siècle. Pour moi, c'est comme ça. Alors, je me dis :
1 - Les portes sont basses pour préserver la chaleur
2- ça doit être enfumé en permanence
3 - Le bois des rondins des murs doit être usé à force avec le frottement des dos des voyageurs
Voilà ce que ça donne dans le premier de mes livres :
"La porte était basse comme celle des isbas de paysans afin d'en préserver la chaleur en hiver et la fraîcheur en été. En entrant, Vania remarqua que les murs étaient noircis à la fois par les chandelles de suif qui brûlaient pratiquement en permanence et par le frottement répété des dos fatigués qui s'y appuyaient jour après jour. Mais, l'important n'était pas là; un feu brûlait dans la cheminée créant une douce chaleur dans la pièce et il commença à se détendre."
Et c'est tout parce que dans ce passage, Vania remplace son maître pour la première fois et voyage à sa place; il n'a jamais mis les pieds dans une auberge et est anxieux de bien faire. L'auberge va s'avérer un endroit fondamental pour lui puisqu'il va y rencontrer celle qui deviendra sa femme.
Donner plus de détails, en décrivant les tables et les bancs, la place de l'escalier menant aux chambres, l'odeur des plats, le nombre de servantes ou la tête du propriétaire n'auraient fait qu'agacer le lecteur et le pousser à lâcher le livre. 
Faire s'installer Vania directement à une table n'aurait pas permis la transition entre son monde du voyage, de la représentation et celui de l'intimité possible avec celle qui va s'approcher. Vania entre dans un monde qui ressemble au sien, celui des paysans, mais en même temps il commence à se détendre grâce au feu. 
Racontez-vous votre histoire en lisant vos dialogues à haute voix et rêvez-la en l'imaginant transformée en film. J'essaie d'ouvrir chaque chapitre d'un roman par une courte description comme un zoom sur un personnage ( ou des personnages ) prêts à démarrer l'action et de clore le chapitre par un autre zoom sur une autre image qui montre à la fois ce qui a été accompli et sous-entend ce qui reste à faire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire