mercredi 30 décembre 2015

CHAPITRE 9 : MIKHAÏL ILITCH 

    Le lendemain, conformément aux instructions de Liova, elle avait remis la lettre à l’aubergiste en lui expliquant qu’elle devait retrouver son parrain non loin d’ici mais que par mesure de précaution et au cas où il viendrait à passer par l’auberge elle lui avait laissé une lettre. Le but de son ravisseur étant d’attirer Sacha dans son piège et non d’éveiller les soupçons, elle s’efforça de se montrer convaincante, mais à vrai dire cela n’avait plus tellement d’importance ; quand l’aubergiste ferait effectivement la connaissance de son parrain et comprendrait ce qui s’était vraiment joué sous ses yeux, Liova et elle seraient arrivés depuis plusieurs heures.
   Le soleil était encore très haut dans le ciel quand la petite isba isolée apparut derrière le rideau de bouleaux. Deux ou trois pièces pas plus se dit Marie. Une écurie juste derrière. Deux hommes montaient la garde devant la maison et un autre devant l’écurie. Elle notait tous ces détails machinalement quand Liova arrêta le cheval avant de sauter à terre.
   « Descends !
   - On ne va pas jusqu’à la maison ?
   - Si mais dans ton intérêt et dans le mien, il vaut mieux que tu sois attachée et même bâillonnée. Tes mains ! »
   Marie n’essaya même pas de résister, la scène de la veille avait suffi à la convaincre définitivement que Liova était un homme déterminé, dangereux et qui ne supportait pas qu’on lui désobéisse. Elle tendit les bras et pendant qu’il les lui liait dans le dos, elle se contenta de demander ;
   « Pourquoi un bâillon, Liova ?
   - Tout le monde n’est pas aussi patient que moi avec les petites curieuses. Le Comte et moi, nous avons à parler et peu de temps pour le faire ; le bâillon nous garantira ton silence. Allez, ouvre la bouche. »
   Le mouchoir s’enfonça entre ses lèvres et Marie se concentra pour maîtriser les nausées que le contact de l’étoffe provoquait. Liova eut alors un geste surprenant, il caressa doucement sa joue, avant de la soulever et de la déposer sur la selle. Quand il la rejoignit, il ajouta :
   « Tu ne le garderas pas tout le temps, je te le promets. Continue à te montrer obéissante et tout ira bien. Je sais que tu peux le faire ; tu es une petite fille courageuse »
   N’en croyant pas ses oreilles, elle essaya de se retourner pour l’observer mais ses bras dans le dos lui rendaient la tâche impossible et l’isba n’était plus qu’à quelques mètres.
   
   Les valets laissèrent Liova entrer avec sa prisonnière sans poser la moindre question, cela confirmait ce que Marie pensait ; il y avait longtemps que le mystérieux Comte et son homme de main préparaient leur méfait. Sur les murs verts de bois peints de la pièce où ils pénétrèrent étaient accrochés des instruments de cuisine, des bancs couraient tout le long et un grand poêle occupait le coin le plus éloigné des fenêtres. Deux coffres de bois sculptés et une icône polychrome complétaient le tableau de ce qui sembla à Marie être le parfait exemple de la maison d’un moujik aisé comme un «staroste». C’était du moins ce qu’elle avait pu constater lors des rares promenades qu’elle avait effectuées avec ses parents dans les villages autour d’Oblodiye.
   L’homme qui se tenait devant eux n’avait pourtant rien d’un «staroste». Le tissu de sa chemise brodée chatoyait sous la lumière qui entrait largement par les fenêtres dépourvues de rideaux ; de toute évidence il aimait le contact de la soie la plus fine. Quant à ses mains, plusieurs bagues d’un raffinement exquis les ornaient. Les boudinaient plutôt, faisant ressortir l’excès de chair qui semblait caractériser le personnage. 
   Petit, d’un âge incertain, les cheveux gras tirant sur le blond ; l’homme déplut immédiatement à Marie. Elle ne put réprimer un frisson quand après avoir posé sur elle un regard qui la déshabilla des pieds à la tête, il la désigna du doigt à Liova.

   « Qu’est-ce que c’est que cette petite garce ? Qu’est-ce qu’elle fait ici ?
   - C’est ma solution de rechange, Monseigneur.
   - Qu’est-ce que tu racontes ? Qu’est-ce qui t’a pris de me fixer rendez-vous de façon aussi cavalière ? Me faire prévenir en pleine nuit, tu …
   - Vous voulez toujours la mort d’Alexandre Ivanovitch, n’est-ce pas ? Et bien, je vous l’offre sur un plateau. D’ici quelques heures, il sera ici, devant vous, sans arme et seul.
   - Qu’est-ce que tu racontes ? Ce n’était pas notre marché, tu devais t’occuper de lui et ensuite …
   - Oui mais rien n’a été possible. D’abord pendant le voyage, il n’était jamais seul dans son carrosse. Vous m’aviez interdit de le faire devant les enfants.
   - Ce sont tout de même mes neveux. Ils n’étaient quand même pas constamment avec leur père !
   - Non, mais les gardes du corps, oui. Et vous vouliez qu’il ait le temps de comprendre et de souffrir.
   - La nuit, tu étais seul avec lui.
   - Vous êtes loin du compte ; Son Excellence dort avec ses gardes, pas avec son valet.
   - A Oblodiye … 
   - Encore moins souvent seul. Oublieriez-vous qu’il avait été absent dix ans?
   - Alors?
   - Alors? Je vous présente Maria Petrovna, sa filleule. Il y tient comme à la prunelle de ses yeux. Nous avons laissé une lettre à Borodino … avec un plan.
   - Tu es fou ou quoi?
   - C’est vous qui avez insisté pour qu’il sache. 
   - Oui, sans doute mais …
   - C’est moins facile quand on doit y être mêlé de plus près.
   - Comment oses-tu? Tu oublies à qui tu parles.
   - Son Excellence Mikhaïl Ilitch Korevski. Beau-frère d’Alexandre Iv…
   - Assez! Par ta faute nous devons maintenant faire vite et nous organiser.
   - Oh, j’ai bien vu que vous n’êtes pas venu seul mais accompagné de quatre ou cinq valets. De quoi vous protéger contre un homme aussi …
   - J’en ai assez de tes insolences! Je t’ai payé pour faire un travail et …
   - Et je suis en train de le faire. Et vous ne m’avez payé que la moitié. 
   - Si tu es si malin, pourquoi as-tu été obligé d’attacher et de bâillonner cette gamine?»

   Il ne tarda pas à comprendre ; Liova venait de retirer le mouchoir qui muselait Marie.
   « Vous êtes l’oncle de Vania et de Piotr ? Pourquoi voulez-vous tuer mon parrain ? Vous êtes un monstre. Il ne vous a rien fait. Vous n’avez même pas le courage de le faire vous-même. Sale lâche ! Je vous déteste, je … »
   Le bâillon venait de retrouver sa place. Le Comte avait du mal à se remettre.
   « Quelle … quelle insolence ! Je … Elle a dû te donner bien du fil à retordre. 
   - Pas tant que ça. Une bonne mise au point de temps en temps et voilà tout. »
   Marie ne put réprimer un frisson en pensant à la dernière « mise au point ». Elle s’en voulait de ne pas avoir su se maitriser, consciente maintenant d’avoir agi exactement comme Liova le prévoyait. Il obéissait sans doute aux ordres du Comte mais de toute évidence, il menait le jeu à sa façon. Elle devrait, une fois de plus, en passer par là où il le souhaitait si elle voulait en apprendre davantage. Elle s’obligea à se tenir tranquille et cessa de protester à travers l’étoffe.
   « Calmée?»
   Elle hocha la tête. Liova retira une nouvelle fois le bâillon. Elle se garda bien de parler.
   « Impressionnant, persifla le Comte. Alors comme ça, tu es la filleule d’Alexandre Ivanovich ?
   - Oui, sale …AÏE! »
   Une redoutable gifle venait de s’abattre sur l’arrière de son crâne ; Liova veillait. Elle se mordit les lèvres pour ne pas pleurer. Puisque le Comte lui en donnait l’occasion, elle allait essayer d’en savoir plus. Même au prix de quelques bassesses.
   « Oui, Excellence.
    - Es-tu la fille de l’un de ses frères ? Cela semble peu probable, il était en France et …
   - Je suis la fille de son ancien précepteur. Monsieur de Fronsac. »
   La voix de Marie tremblait en parlant de l’homme qui lui avait donné son nom et tout son amour et qu’elle ne reverrait peut-être plus jamais.
   « Fronsac, oui. J’en ai entendu parler. Un homme bien. Dommage qu’il ait choisi le mauvais parrain pour sa fille.
   - Pourquoi …
   - Pourquoi je veux la mort de ton parrain ? Parce qu’il m’a pris ma sœur, qu’il l’a déshonorée et a finalement causé sa mort.
   - Mais ils s’aimaient tous les deux. Parrain l’a arrachée aux griffes de son mari. Sonia a été heureuse et … 
   - Tais-toi ! Petite idiote, comment oses-tu parler en son nom ? Nous étions heureux quand nous étions enfants et il a fallu qu’elle s’amourache de lui et puis …
   - Parrain l’a aimée de toutes ses forces. Plus que n’importe qui. 
   - Tais-toi ! Personne ne l’a autant aimée que …
   - Que vous, c’est ça ? Pau … »

   Marie s’apprêtait de nouveau à insulter le Comte mais un léger mouvement de Liova dans son dos l’alerta, elle préféra se taire. A quoi bon essayer de raisonner ce fou ? Mais l’homme n’avait pas l’intention d’abandonner aussi vite, elle l’avait mis en colère et elle allait le payer, il s’avança, menaçant. Instinctivement, elle recula … jusqu’à heurter Liova. Le Comte n’avait plus qu’à s’emparer d’elle ; il commença par la gifler à toute volée et seul le corps de Liova derrière elle l’empêcha de tomber. Puis il la saisit à la gorge et commença à serrer. Marie, les mains liées dans le dos, ne pouvait même pas essayer de se défendre. Totalement paniquée, elle sentait ses forces l’abandonner quand un bras s’empara de celui du Comte, le forçant irrésistiblement à la lâcher.
   « Qu’est-ce que … Comment oses-tu ?
   - Elle peut encore nous servir. 
   - Tu délires ; il sait où nous trouver, il viendra. Elle ne peut que nous gêner, débarrasse-moi d’elle. 
   - Son parrain peut envoyer l’un de ses valets pour vérifier qu’elle est toujours vivante avant de venir lui-même.  
   - Je n’y crois pas une seconde. Il est stupide, il foncera tête baissée comme il a l’habitude de le faire.
   - Nous ne risquons rien à attendre un peu.
   - Soit, si cela peut te faire plaisir. Mais je ne veux plus la voir. Mets-la dans la pièce à côté. »
   Sans attendre davantage, Liova s’empara des mains de Marie et la poussant devant lui, sortit de la pièce. La petite hoquetait encore quand il trancha ses liens avant de la faire assoir sur l’unique meuble de la petite chambre ; un coffre sculpté.
   « Calme-toi, maintenant. Respire doucement. Tiens, bois un peu d’eau. 
   - Liova, j’ai … j’ai cru mourir. Je … j’ai eu si peur. Merci … merci de m’avoir sauvée.
   - Pas si vite. Je ne suis pas ton ange gardien. Allez, redonne-moi tes mains que je t’attache de nouveau. Tu as eu ce que tu as cherché. Tiens-toi tranquille maintenant. Nous verrons comment les choses vont tourner mais ne te fais pas de fausses idées sur moi ; je n’hésiterai pas à te tuer si tu essaies de t’échapper.»

   De longues heures passèrent, terribles d’angoisse pour la petite fille. La nuit tombait et le sommeil commençait à peser sur ses paupières quand un bruit de voix la fit sursauter. Elle tendit l’oreille et comprit que le valet qu’elle avait aperçu la veille à l’auberge venait de refaire le voyage. Le garçon avait une nouvelle d’importance à communiquer au Comte : des étrangers se trouvaient à l’auberge, ils cherchaient une petite fille nommée Marie.
   « Est-ce que l’un d’entre eux est Alexandre Ivanovitch ?
   - Je ne suis pas sûr de son patronyme mais oui, les autres l’appellent Sacha.
   - Ton maître lui a remis la lettre ?
   - Oui, Excellence.
   - Et alors ?
   - Je ne sais pas. Je suis venu tout de suite pour vous dire qu’ils étaient arrivés.
   - Tu aurais pu attendre, nous aurions su ce qu’ils préparaient. 
   - Et si j’étais parti trop tard ? J’ai fait ce que vous aviez dit.
   - Oui, oui … Combien étaient-ils ?
   - Quatre « Barines » et une armée de serviteurs. »
   Marie se sentit vaguement réconfortée aussi bien par la nouvelle que par le silence qui suivit ; elle imaginait le regard à la fois angoissé et furieux du Comte se posant sur Liova. Son soulagement se mua pourtant rapidement en terreur.
   « Tu vois ce qui arrive par ta faute ; il va venir entouré d’une armée et nous ne pourrons rien faire.
   - Il viendra seul. Il n’osera jamais mettre la vie de sa filleule en jeu.
   - Je n’en crois pas un mot. De toute façon, ça ne change rien ; il faudra la tuer. Il n’est pas question qu’elle puisse m’identifier. Vas-y maintenant, s’il est aussi inquiet pour elle que tu le dis, il a pu se décider rapidement et être sur le point d’arriver. Une fois qu’il sera là, nous n’aurons plus de temps et puis il ne me déplairait pas qu’il puisse contempler le corps de sa filleule morte par sa faute avant de mourir.
   - Pourquoi …
   - Qu’est-ce qui te prend à la fin ? Je t’ai donné un ordre. Ne me dis pas que je vais être obligé de le faire moi-même.»

   Prise de panique, Marie s’était levée. Il n’y avait qu’une seule autre issue ; une étroite fenêtre située bien trop haut pour elle. De toute façon, ses mains liées constituaient un handicap suffisant et la porte s’ouvrait déjà. Folle de terreur, la petite vit la dague briller dans la main de Liova, elle hurla.
   A son hurlement, répondirent d’autres cris. D’abord les jurons du Comte exhortant Liova à faire vite puis une voix connue …
   « Machenka ! Machenka ! Que se passe-t-il ? Ils t’ont fait du mal? Goloubouchka, réponds-moi ! »
   Mais seul le silence répondit aux appels angoissés de Sacha. Dans la petite pièce, une main s’était posée sur la bouche de Marie. Une voix murmurait à son oreille.
   « Tiens-toi tranquille ! Tout ira bien. Tais-toi. Je peux enlever ma main ? »
   Marie hocha la tête, la main qui lui couvrait une bonne partie du visage disparut et pourtant elle avait bien du mal à réaliser qu’elle était encore en vie. Elle osa murmurer à son tour.
   « Liova, tu … tu ne vas pas …
   - Contrairement à ce que tu peux penser, je ne tue que quand je suis payé pour ça ou quand j’y suis obligé ; tu n’entres dans aucune de ces catégories 
   - Mais le Comte …
   - Laissons-le croire ce qu’il veut. Couche-toi sur ce coffre et ne bouge plus. Ouvre la bouche ! Allez ! Bien, maintenant, tourne-toi de l’autre côté. On ne sait jamais, s’il lui prenait la fantaisie de venir vérifier. »
   
   Il était temps ; la porte s’ouvrait. Marie retint sa respiration et se mit à prier.
    « Alors, qu’est-ce que tu fais ? Il t’en faut du temps pour tuer une enfant ?
   - Voila, c’est fait. Je crois qu’il y a plus urgent à faire que de rester discuter ici.
   - Machenka ! Chérie, réponds-moi !  Liova, espèce de pourriture, qu’est-ce que tu lui as fait ? »
   Marie sentit son cœur se serrer ; l’angoisse de Sacha était palpable. Il était venu ! Apparemment seul. Il allait mourir par sa faute ! Elle eut toutes les peines du monde à ne pas pleurer ; elle devait faire attention avec le bâillon. Elle entendit Liova répondre à Sacha.
   « Elle est morte. Par votre faute.
   - C’est faux. Je suis venu, comme tu me l’as demandé. J’ai de quoi payer. Relâche-la !
   - Vous avez fait vite.
   - J’ai suivi ton complice. Tu n’es qu’un lâche. Toi et tous ceux qui t’entourent.
   - En parlant de lâche ; si vous sortiez de votre cachette ?
   - Pas tant que tu n’auras pas relâché Marie. »
   La petite n’osait pas bouger mais il lui était assez facile de comprendre ce qui se disait tant les deux hommes criaient pour se faire entendre. Une troisième voix intervint : celle du Comte.
   « On vous a dit qu’elle est morte. Ce n’est pas votre argent qui m’intéresse. Je voulais vous faire souffrir autant que j’ai souffert. »
   Un silence suivit ces paroles ; Marie imaginait son parrain en train d’essayer de deviner à qui appartenait cette voix. D’essayer de deviner si on lui disait la vérité. 
   « Qui … Qui êtes-vous ?
   - Je t’ai volé ta filleule comme tu m’as volé ma sœur.
   - Mi … Mikhaïl Ilitch ? 
   - Lui-même.
   - Mais vous êtes devenu fou ! Pourquoi … »

   Marie ne sut jamais ce que Sacha voulait savoir. Un brouhaha se produisit dans la pièce voisine, un des valets du Comte lui annonçait une bien mauvaise nouvelle : ils étaient encerclés. Une vague de soulagement envahit la petite fille qui entrevit la fin de son cauchemar ; son parrain avait compris l’avertissement. Si en plus il la croyait morte, il n’hésiterait pas ; il vivrait ! La volonté du Comte de la tuer se retournait contre lui. 
   Des coups de feu retentirent presqu’aussitôt ; les assiégés devaient essayer de fuir. Dans la pièce principale, une bagarre venait d’éclater ; visiblement Liova cherchait lui aussi à s’échapper ce qui n’était pas du goût de son employeur. Au milieu des jurons et des coups contre la cloison, Marie entendit des propos qui la terrifièrent.
   « Eh ! Les torches ! Regardez ce que vous venez de faire. Arrêtez ! Arrêtez donc ! Le feu ! Il y a le feu !
   - Et bien, tu grilleras avec moi ! »

   Au silence qui suivit, Marie comprit que Liova avait pris sa décision ; il ne cherchait plus à fuir, il allait tuer. Déjà une épaisse fumée filtrait sous la porte. Marie commençait à avoir du mal à respirer ; le bâillon lui bloquait la gorge et l’air se faisait rare. Un choc sourd sur le plancher de la pièce voisine lui fit comprendre que le dénouement était proche. Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit sur une scène effrayante ; la pièce principale n’était plus qu’un brasier. La petite qui se tenait déjà au pied de la fenêtre, vit Liova y tirer le coffre avant de sauter dessus. Il s’apprêtait déjà à s’engager dans l’étroite ouverture quand Marie réussit à se coller contre ses jambes. Bâillonnée, les mains liées dans le dos, elle n’avait aucun autre moyen de l’apitoyer ou d’essayer de le retenir. Immédiatement après, elle sentit les mains de Liova mais alors qu’elle s’attendait à le voir la repousser, il lui retira le bâillon qui l’étouffait et l’obligeant à se retourner trancha ses liens avant de la pousser à monter sur le coffre. Puis il la souleva, la projetant littéralement à travers l’ouverture.  Pour Marie, déjà à moitié étourdie par l’abondante fumée qu’elle avait respirée, le choc fut rude. Elle reprenait à peine ses esprits quand elle se sentit hissée sur la selle d’un cheval. Des cris, un homme essayant de s’interposer, un coup de feu, d’autres appels, et tout contre elle, une fois de plus, le corps de Liova.

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