dimanche 3 janvier 2016

DEUXIEME PARTIE  CHAPITRE 20 : UNE NUIT SOUS LA TENTE 

« Bon sang, ce que tu es belle ! Tourne-toi ! Relève tes cheveux ! Même Alma n’a pas réussi à t’abîmer avec ses coups de fouet. Magnifique ! Lâche tes cheveux et remets les mains sur ta nuque »
Comme un petit animal bien dressé, Marie obéissait aux ordres donnés. Dans son esprit enfiévré, une obsession venait de se faire jour : rester en vie pour découvrir le visage de l’horreur. Celui du chef des hommes en noir. Il ne tarderait pas, avait dit Azat. Un marchand. Presqu’aussi influent que Piotr. L’angoisse lui serrait le cœur. Une atroce sensation qu’elle n’osait s’avouer à elle-même. 
Azat venait de descendre du lit et s’approchait d’elle. Elle sentit très vite ses mains sur elle. Moins pressantes qu’auparavant. Plus admiratives peut-être. Le baiser qu’il lui imposa, après s’être emparé de ses cheveux et lui avoir tiré la tête en arrière, lui sembla lui aussi moins brutal.
« Belle, jeune, intelligente et … inventive. Ton jeu m’a amusé. Tu avais raison, j’y ai pris du plaisir. Beaucoup même. Il va pourtant maintenant falloir passer aux choses sérieuses. »
Il venait de glisser sa main entre les cuisses de Marie, s’insinuant avec force au plus profond de son intimité. De son autre main, il tenait toujours ses cheveux et l’obligeait à se cambrer, seins bien offerts. Sa bouche gourmande s’en empara, la faisant gémir de douleur.
« Mademoiselle n’aime pas ma brutalité. Il va pourtant falloir t’y faire. Dis-moi, je croyais que le fait d’avoir des réponses à tes questions devait t’aider ?
- Ça m’aide, Maître. »
Tout en parlant, Marie ne cessait de se tortiller pour échapper aux caresses intrusives d’Azat. Sans pour autant protester ouvertement. Dans son esprit, si le viol semblait inévitable, il pouvait être plus ou moins brutal. Elle ne voulait pas risquer d’être gravement blessée ou pire avant de savoir.

« Pose ta septième question ! »
Son nom. Elle voulait son nom. Mais savait qu’Azat ne le lui donnerait pas. Tout le reste lui importait peu.
« Non, Maître, je n’ai plus envie de poser de questions.
- Crois-tu que je t’épargnerai pour autant ? 
- Non, Maître. Je sais que je vous appartiens ; vous pouvez faire de moi tout ce qu’il vous plaît.
- Arrête ça tout de suite !
- Je … je suis désolée. Je vous en prie. Je veux seulement avoir le moins mal possible. Je … »
Elle n’acheva pas. Azat venait de la gifler à toute volée avant de la trainer jusqu’au lit où il la projeta en travers des peaux de bêtes qui le recouvraient en toute saison. Un instant étourdie par la violence du prince, Marie comprit très vite que le pire était encore à venir ; Azat s’était emparé de sa grosse ceinture en cuir qui trainait sur le lit et avait commencé à la battre. Les coups pleuvaient sans discernement, atteignant aussi bien ses mollets que ses épaules ou ses fesses. Gémissant de douleur, elle essayait comme elle le pouvait d’éviter les coups, se roulant en boule, se cachant sous les fourrures, toujours poursuivie par la longue lanière. 
« Pourquoi, Maître, pourquoi ? Je vous ai obéi, je … »
Au moment même où elle prononçait ces mots, elle comprit ou plutôt elle se souvint de l’avertissement d’Azat : « Si tu ne veux pas que je t’égorge, bats-toi ! ». Ce que le prince lui reprochait, ce n’était pas d’avoir cherché à fuir sa main mais au contraire de se montrer trop passive. Tenter de parler était inutile, le maître ne l’écouterait même pas, elle devait agir. Elle se réfugia à la tête du lit, obligeant Azat à se pencher au-dessus d’elle et lui décocha un coup de pied juste au niveau de l’entrejambe. Sous le coup de la douleur, le prince grimaça et se rejeta en arrière. Marie tenta de fuir mais le poids du corps d’Azat s’abattit sur elle. Elle réussit pourtant à se remettre sur le ventre et quand il tenta de lui écarter les cuisses, elle n’hésita pas et le mordit cruellement à l’épaule. Azat rugit et roula sur le côté.
« Sale garce ! Je vais t’apprendre, moi ! »
Il s’était emparé d’un linge pour essuyer le sang qui perlait de sa blessure. De nouveau, Marie tenta de fuir. Azat la retint d’une main et la gifla de l’autre.
« Je vais te faire payer ça ; je vais t’attacher à ce lit et te posséder à ma guise toute la nuit.
- Bien sûr ! Vous me battez parce que je ne me défends pas et quand je le fais, vous voulez m’attacher. Quelle logique ! Quelle belle preuve de virilité ! Vous ne parvenez même pas à soumettre une enfant de quinze ans et vous vous prenez pour un guerrier. »
Secrètement effrayée par sa propre audace, elle eut pourtant le courage de continuer à défier Azat du regard. Dans les yeux noirs qui lui faisaient face, elle lisait à la fois le désir, la colère mais aussi l’amusement. Pourtant, le prince ne renonçait pas ; il se coucha de nouveau sur elle. Elle sentait son énorme membre tout contre sa cuisse. Prise de panique, elle recommença à lutter avec l’énergie du désespoir. Mordant, griffant, elle se débattait comme un beau diable quand Azat la frappa de nouveau au niveau de la tempe cette fois. Après un premier éblouissement, ce fut un voile noir qui s’abattit sur ses yeux.

Elle se réveilla en sursaut. Pour constater qu’elle ne pouvait plus bouger. Couché en travers de son ventre, Azat maintenait ses poignets emprisonnés dans l’une de ses énormes mains. 
« Calme-toi ! C’est fini. Du calme ! »
De son autre main, il commença à caresser son visage, écartant une mèche de cheveux, suivant la ligne d’un sourcil … Marie, la tête prise dans un étau, ne parvenait plus à réfléchir. Elle se contenta d’attendre en continuant à lutter contre ses larmes.
« Tu t’es évanouie. Tu t’es bien battue, tu sais ; une véritable tigresse. Tu mérites de te reposer. Tu as assez souffert pour aujourd’hui. 
- Je … je ne comprends pas, Maître.
- Si je te lâche, resteras-tu tranquille ?
- Oui, Maître. »
Lentement, presque avec méfiance, le prince se redressa. Aussitôt, Marie porta ses mains à son bas-ventre. Pour les en retirer immédiatement couvertes d’une substance blanche et poisseuse. Effarée, elle interrogea Azat du regard. Un sourire se dessina sur les lèvres du prince qui parut pourtant offensé :
« Je ne t’ai pas pénétrée. Je fais en sorte que mes adversaires, en amour comme à la guerre, soient tout à fait conscients au moment où je prends le dessus sur eux. Disons que pour aujourd’hui, je me suis contenté de … Nous verrons la suite demain.
- Demain, Maitre ? Est-ce que ça veut dire que …
- Que tu ne mourras pas cette nuit. Tu peux dormir tranquille. »
Joignant le geste à la parole, il lui tourna le dos et se préparait à s’endormir quant il se ravisa. Se redressant sur un coude, il la contempla un instant, l’obligeant à garder pendant un instant les mains au-dessus de la tête. 
« Tu as gagné le droit de dormir sans entraves. Tu sais bien que tu ne peux pas t’échapper. La seule chose que j’exige c’est que tu restes entièrement nue toute la nuit. »
Soulagée et pourtant encore un peu incrédule, Marie acquiesça. 
La respiration tranquille et puissante d’Azat s’éleva bientôt sous la tente. Marie, elle, ne cessait de se tourner et de se retourner dans tous les sens dans le lit. Recrue de fatigue, elle ne parvenait pourtant pas à lâcher prise, à faire le tri parmi ses émotions. Sans cesse, les diverses informations qu’elle avait recueillies dans la soirée repassaient dans sa tête composant une image de plus en plus précise et complexe de la réalité et de son histoire personnelle. Toute sa vie lui apparaissait sous un jour nouveau, sa double appartenance à la Russie et à la France, sa vie à Moscou auprès d’un inconnu nommé Piotr, son tendre penchant pour Grigor le si puissant marchand, son amour pour Wladimir à la fois si proche et si lointain …
Un couteau. Gigantesque. Celui dont Azat l’avait menacé à table. Elle venait d’en heurter le manche avec son bras. Apparemment, les femmes qui avaient déshabillé Azat l’avaient oublié dans le lit et le prince, emporté par leurs « ébats » ne s’en était pas préoccipé non plus.
Machinalement, Marie s’en empara. Immédiatement, se posa la question : « Qu’en faire ? ». S’en servir contre Azat ? D’abord, il était plus que probable qu’elle ne réussisse qu’à l’égratigner. Ensuite, autant elle se serait sentie capable de le poignarder alors qu’il tentait de la violer autant le faire ainsi de sang-froid lui semblait impossible. Après tout, il l’avait giflée à plusieurs reprises, battue à coups de ceinture mais … il n’avait pas abusé d’elle. Il s’était montré beaucoup moins cruel qu’il ne l’aurait pu. Tenter de s’enfuir et en user contre les gardes ? Ils étaient deux et elle se sentait si faible. Retourner l’arme contre elle afin de s’éviter des années de servitude et de mauvais traitements ? Sa religion s’y opposait et l’espoir que les révélations d’Azat n’avaient pas réussi à tuer en elle la poussait à n’en rien faire. Elle restait là, le couteau entre les mains, indécise, agitée de pensées diverses, perdue.

« Pose ça tout de suite ou je te massacre ! »
Effrayée, elle étouffa un petit cri, lâcha immédiatement l’arme avant de tenter maladroitement de se justifier.
« Maître, jamais je n’ai voulu … j’ai juste pensé m’en servir contre moi-même. Je … non … non … je vous en prie … »
Azat venait de se tourner totalement vers elle, dans un mouvement d’autant plus menaçant qu’il était d’une lenteur extrême. Epuisée et terrifiée, Marie ferma les yeux, maudissant à la fois la malchance qui lui avait fait trouver ce couteau, le réveil d’Azat et la peur qui venait de l’amener à le supplier. Une main se posa sur son ventre. Elle frémit, s’enfonçant les ongles dans la paume des mains pour ne pas bouger, ne surtout pas éclater en sanglots.
« Pourquoi ne dors-tu pas ?
- Je ne peux pas, Maître.
- Laisse-toi aller.
- Je … je sais que vous … que vous … 
- Que je ne supporte pas de voir quelqu’un pleurer ? Tu as montré assez de cran aujourd’hui pour te permettre quelques larmes. »
Profondément étonnée aussi bien par les mots d’Azat que par l’inhabituelle douceur de sa voix, Marie ouvrait les yeux. Azat se trouvait maintenant tout près d’elle, ce fut lui qui l’obligea à refermer les paupières. 
« Ecoute-moi ; je veux que tu te laisses aller totalement, jusqu’aux larmes s’il le faut. Je promets de ne pas te battre. Détends-toi ! »

Joignant le geste à la parole, il avait commencé à lui caresser, lui masser même, le ventre. Contrairement à ce qu’elle craignait, sa main ne s’égara pas plus bas et peu à peu elle sentit des tensions lâcher prise en elle. Elle finit par s’endormir le visage baigné de larmes apaisantes.

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