vendredi 8 janvier 2016

LE BARINE ET LE MOUJIK DEUXIEME PARTIE CHAPITRE 11 : LA FESSEE



     Ce fut au tout début de l'automne, qu'eut lieu la dernière rencontre entre Nikolaï et Tatiana. Le jeune prince devait repartir une semaine après, et avait accepté une nouvelle invitation du comte Kirinski afin de faire ses adieux à Alexeï qu'il avait appris à apprécier. 
     Vania ne pouvait venir ayant une affaire urgente à régler hors du domaine, Nikolaï se retrouva donc seul au milieu d'invités plus ou moins ennuyeux.
     Alexeï était monopolisé par un ancien colonel de l'armée qui voulait absolument lui raconter toutes ses campagnes, il eut donc un air d'excuse et de dépit quand Nikolaï lui demanda du regard s'il était prêt à partir se promener à cheval avec lui.
     - Il ne reste plus que moi, Votre Altesse.
     Pas besoin de se retourner, il savait déjà à qui appartenait cette petite voix narquoise.
     - Et bien soit, Mademoiselle, faisons cette promenade ensemble. 

     Les chevaux sellés, les deux jeunes gens entreprirent de se rendre au lac dont les abords commençaient à prendre toutes les couleurs de l'automne. Ils galopèrent d'abord de concert en silence, chose assez curieuse chez Tatiana, puis échangèrent quelques banalités sur le temps et la forêt.
     En arrivant au lac, ils mirent pied à terre. Tatiana était songeuse, elle se rendait compte qu'elle n'avait pas progressé de tout l'été et pourtant elle était sure des sentiments de Nikolaï à son égard. Il lui suffisait de voir comment le prince la dévorait des yeux dès qu'il la croyait occupée à regarder ailleurs.
     Il repartait la semaine suivante et ne reviendrait que dans deux ans; cette promenade était sa dernière chance. Il y avait longtemps qu'elle rêvait de lui, depuis cette nuit où, en entrant dans la salle de bal avec Vania, elle l'avait vu valser avec une grâce et une autorité  inimitables.
     Puisque le déploiement de ses charmes et de ses ruses féminines n'avait rien donné, elle allait essayer l'insolence pour faire réagir le bel endormi. Elle ébaucha un bâillement.
     - Excusez-moi ! Je ne pensais pas mourir à ce point d'ennui.
     Elle avait visé juste, Nikolaï était toujours aussi susceptible.
     - Serait-ce ma compagnie qui vous ennuie, Mademoiselle?
     La politesse commandait de démentir, mais la jeune fille avait bien d'autres plans en tête.
     - Ma foi, Votre Altesse ... Vous n'êtes guère drôle, aujourd'hui.
   - Et vous, guère polie.
     - Que voulez-vous je ne suis ni Vania ni Alexeï qui vous idolâtrent. Moi, je vous vois tel que vous êtes.
     - C'est à dire ?
     La voix trop calme de Nikolaï trahissait la colère qui montait en lui, mais Tatiana n'en avait cure.
     - Vous êtes beau, grand, avec de beaux yeux et vous impressionnez les hommes par votre passé militaire et votre lien avec le Tsar. Mais à nous autres femmes, il faut plus et je plains celle qui sera obligée de partager avec vous ses longues soirées d'hiver.
     - Vous voulez dire ... que je manque de conversation ?
     Le ton était calme mais une veine battait contre la tempe du prince.
     - Affreusement, vous auriez du continuer à jouer aux cartes. On y vénère les muets.
     Ce rappel de la terrible dernière partie de cartes de Nikolaï lui fit l'effet d'un coup de fouet en plein visage.
     - Votre père ferait bien de s'occuper davantage de votre éducation. Une bonne fessée de temps en temps vous aurait fait le plus grand bien.
     - Mon père sait ce qu'il a à faire. Quant à mes fesses, elles sont à votre disposition.
     Intérieurement, Tatiana tremblait de son audace, elle était consciente qu'elle pouvait perdre Nikolaï à tout jamais avec une telle dose de vulgarité dans sa provocation, mais elle n'en laissa rien paraître et joua sa dernière carte jusqu'au bout en le fixant effrontément.

     Elle ne fut donc qu'à moitié surprise quand le prince la saisissant par un poignet, l'entraina vers une souche où il s'assit avant de  la coucher en travers de ses genoux.
     Elle se disait qu'elle ne risquait pas grand-chose étant donné l'épaisseur de ses différents jupons. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était qu'une main puissante lui maintiendrait les bras repliés dans le dos, pendant que l'autre la trousserait allègrement, faisant retomber sa robe et ses jupons bien au-delà de sa taille.
     Ce que Nikolaï n'avait pas prévu, lui, c'était à quel point l'apparition de la chair nacrée des cuisses et de ces adorables fesses prises dans le fin pantalon de dentelle allait l'émouvoir. Il faillit en renoncer à son projet mais la belle commença à l'invectiver, lui redonnant du coeur à l'ouvrage.
     Et la correction commença, une fesse puis l'autre, par salves ou bien espacées; les claques tombaient, puissantes et sonores. Au bout de quelques instants, Tatiana sentait ses fesses brûler comme du feu, elle serrait les dents, trop fière pour supplier ou même crier.
     Ce qui la faisait le plus souffrir, c'était l'humiliation d'être là; impuissante, couchée sur les genoux de cet homme, troussée comme une paysanne, offerte comme une fille et fessée de main de maître.
     Nikolaï semblait bien décidé à la corriger de son insolence, on était loin des quelques claques qu'elle s'était imaginé recevoir par dessus sa robe. La main puissante claquait son postérieur en cadence maintenant, augmentant la brûlante douleur qui s'était emparée de ses pauvres fesses martyrisées. Elle n'y tint plus et se mit à gémir d'abord, puis à crier de douleur.
     Mais le prince continuait de plus belle, infatigable.
     - Criez, ma belle, la seule chose qui manque à mon bonheur, ce sont des spectateurs.
     Mortifiée, elle commença à pleurer :
     - Aïïïe, pitié, arrêtez, Votre Altesse.
     Une nouvelle claque.
     - Assez, grâce ! Ouille !
     Encore une autre.
     - Aïïe! Pardon !
     Un temps d'arrêt dans son châtiment fit comprendre à Tatiana qu'elle était sur la bonne voie. Mais Nikolaï ne s'estimait pas encore assez vengé :
     - Etes-vous décidée à me présenter vos excuses ?
     Une claque terrifiante ponctua ses paroles. Tatiana hurla:
     - AÏÏÏE ! Oui, oui, tout ce que vous voudrez ! Mais ne me battez plus !
     - J'écoute.
     Nouvelle ponctuation.
     - Aïe ! Pardon! Pardon, Votre Altesse !
     - C'est peu, jeune fille.
     Une nouvelle claque. Un nouvel hurlement.
     - Pitié ! Je vous supplie de pardonner mon insolence.
     Les sanglots dans la voix de Tatiana émurent Nikolaï qui décida d'en finir. Il frappa à nouveau en ordonnant :
     - Répétez !
     - Aïe ! Aïe ! Je vous supplie de me pardonner mon insolence!   
     - Maintenant, écoutez ! Je vais vous laisser vous relever, vous vous rhabillerez, nous remonterons à cheval et nous rentrerons au château. Je ne veux pas entendre un mot sinon, quel que soit l'endroit, je recommence. Est-ce clair ?
     Une dernière claque fit tressauter le charmant postérieur qui était maintenant cuisant comme des braises.
     - Oui, Altesse ! Oui ! Pardon !
     Satisfait, Nikolaï rabattit les jupons, libéra les bras de sa prisonnière et l'aida à se remettre debout. Il eut alors conscience d'être allé bien au-delà de ce qu'il avait d'abord prévu, il s'était laissé emporter par le plaisir de corriger l'insolente et se trouvait maintenant face à un visage baigné de larmes.
     Il fut tenté de les sécher du bout des doigts mais sentit instinctivement que cela l'aurait entraîné vers un terrain encore bien plus dangereux. Son désir pour elle n'était que bien trop évident et la fessée ne l'avait pas soulagé, loin de là.

     Il se détourna donc, s'occupa des chevaux et aida Tatiana à se hisser en selle. Elle ne put retenir un long gémissement qui en laissait augurer bien d'autres tout le long du chemin. Nikolaï ne savait plus très bien quoi penser; autant sur le moment, la fessée lui avait semblé nécessaire et même souhaitable, autant il se sentait à présent navré d'avoir ainsi malmené la jeune fille. 
     Tatiana, quant à elle, éprouvait aussi des sentiments complexes; mortifiée par la scène précédente, elle était à présent honteuse des gémissements que le trot de son cheval lui arrachait mais curieusement une certaine excitation amoureuse s'était également emparée d'elle. 
     Cela avait commencé quand elle avait réalisé, alors que les redoutables claques martyrisaient son postérieur déjà cuisant, qu'elle avait enfin intéressé le prince. Elle n'osait se l'avouer mais, à l'horrible douleur et à l'humiliation s'était ajoutée une certaine volupté d'être ainsi, physiquement soumise et comme offerte à sa volonté.
     Ce fut dans cet état de confusion et dans le plus grand silence que les deux jeunes gens revinrent au château.
     Le soir même, la jeune fille, prétextant une migraine, ne se présenta pas au dîner. Nikolaï fit ses adieux au comte et à Alexeï car il devait partir à l'aube le lendemain.

     Il se trouvait dans l'écurie où l'on sellait son cheval, quand une silhouette se profila dans l'encadrement de la porte. Nikolaï se retourna et eut la surprise de découvrir Tatiana. Il pensa qu'elle avait du le guetter par la fenêtre de sa chambre et s'était dépêchée de venir le retrouver avant son départ.
     Tatiana s'approcha de lui et Nikolaï eut le coeur serré en voyant la fatigue qui se peignait sur l'adorable petit visage. Ce qu'il ne savait pas , c'était que la jeune fille, ne voulant pour rien au monde rater son départ, n'avait pas fermé l'oeil de la nuit. Un regard d'un bleu intense se leva vers lui :
     - Je ne voulais pas vous laisser partir ainsi. Il fallait que je vous dise ...
     Les mots ne venaient pas, pourtant elle s'y était préparée toute la nuit, mais là, elle se rendait compte qu'il n'y avait peut-être rien à faire qu'à laisser ses yeux parler à sa place. Ce fut aussi ce que pensa Nikolaï qui, sans un mot, effleura sa joue d'une main tendre et déposa un chaste baiser sur ses lèvres.
     Tatiana frémit, puis oubliant toute retenue, enlaça Nikolaï et répondit en gémissant à son baiser. Le jeune homme, pris de désir pour elle, l'entraîna, sous le regard amusé du cocher, vers un coin plus sombre de l'écurie. Il la plaqua contre lui, posa ses mains sur ses fesses et s'apprêtait à l'embrasser fougueusement. Tatiana ne put réprimer un petit cri de douleur au contact des mains de Nikolaï sur la partie encore sensible de son anatomie.
     - Pardon, Tatiana. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je ...
     Elle le fit taire d'un baiser. Nikolaï retroussa une nouvelle fois ses jupons et remplaça les claques de la veille par des caresses qui enflammèrent tout autant le charmant postérieur, poussant Tatiana à se frotter contre lui. Le baiser les laissa tous les deux pantelants et comme enivrés. Tatiana voulut recommencer mais Nikolaï connaissait ses limites.
     - Non, Tatiana. Il ne faut pas. Je ... je dois partir.
     - Pour deux ans, Kolia.
     Nikolaï frissonna, seule sa mère avait jadis usé de cet affectueux diminutif. Il n'avait jamais autorisé aucune femme à le faire depuis. Mais Tatiana venait de l'employer si spontanément, laissant enfin de côté toute minauderie, qu'il lui parut naturel.
     Il posa délicatement un doigt sur la bouche de la jeune fille et essuya de  ses lèvres les larmes qui commençaient à rouler sur ses joues. Tatiana se serra contre lui en pleurant doucement, ils restèrent ainsi un long moment savourant ces doux instants où l'on rend les armes.
     Puis Nikolaï, après une dernière caresse sur les lèvres de Tatiana, s'éloigna, sauta sur son cheval et sortit de l'écurie. Tatiana l'avait suivi et alors qu'il commençait à s'éloigner, elle lui lança :

     - Je vous aime, Kolia. Je vous attendrai.

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